Je vous raconte le programme, jour après jour, de l’expédition que j’ai effectué en Antarctique : A la recherche des Manchots Empereurs. Sachez tout d'abord que le programme final n’est souvent pas tout à fait le même que le programme prévu, à cause des conditions météos extrêmes... L'équipage peut prendre certaines décisions (semblant parfois injustes) dans le but de toujours nous faire profiter.
Ceci est le troisième et dernier article de la série sur mon voyage en Antarctique :
Jour 6 : L’île Snow Hill
19 Novembre 2019, Jour J : atteindre la colonie des manchots empereurs sur l'île Snow Hill.
Les conditions semblaient optimales, même si ce matin-là, au réveil, un vent trop fort soufflait sur aux alentours et empêchaient les hélicoptères de décoller…
C'est à midi, pendant le déjeuner que l'annonce se fut retentir… les rotations commenceraient à 13 heures.
L'ordre de passage des groupes avait été tiré au sort pendant les deux premiers jours et je me retrouvais Groupe #16 (sur 21), autant vous dire que l'après-midi fut très longue.
Il était 19h30 quand je suis montée à bord de l'hélicoptère en direction de Snow Hill et le rêve commença ici, lorsque l'hélicoptère décolla et survola cette interminable couche de glace. En arrivant à proximité du lieu d'atterrissage, 20 minutes plus tard, j'apercevais enfin un tas de minuscule tâches noirs, au loin, agglutinés les uns sur les autres… c'était les manchots empereurs !
La première fois que l'on mettait pied en Antarctique.
Dès la piste d'atterrissage, certains manchots curieux s'approchaient déjà de nous. On avait une heure sur la terre ferme, et je comptais bien en profiter, alors je commençais à courir, dans la mesure de ce que me permettait mes énormes bottes en caoutchouc… et puis au bout de quelques minutes, ils étaient là, tous, la colonie entière, adultes et bébés, devant nous, devant moi.
Les règles de respect de la faune en Antarctique sont très strictes : nous devions garder une distance de 30 mètres avec la colonie et de 5 mètres avec les individus isolés. Des bâtons étaient donc enfoncés dans le sol; marquant cette distance réglementaire. Néanmoins, si un manchot s'approchait de nous, nous n'étions pas obligés de nous éloigner pour garder la distance de 5 mètres, l'essentiel était de ne pas les effrayer : pas de mouvements brusques ni de bruit, nous étions chez eux et devions les respecter, à tout prix. Quand on m'avait dit ça, j'y avais à moitié cru en me disant, assez sceptique, "mouais, jamais des manchots vont s'approcher à moins de 5 mètres". Faites l'exercice, levez-vous, faites 5 grands pas pour illustrer cette distance, autant vous dire que 5 mètres, c'est vraiment très proche. Et bien, oui, ils s'approchent de nous. Et c'était… MAGIQUE. Ils sont tellement curieux et peu craintifs, c'est dingue !
Je suis sûre qu'on a été leur attraction annuelle !
Un rêve devenu réalité.
Une heure sur cette île, à les regarder, à les observer, à les photographier et les filmer, à rire de leurs gamelles constantes et de leur dodelinement. Je suis restée un moment simplement assise, à regarder la colonie, les bébés encore gris et les adultes les câlinant, à être surprise dès qu'un manchot s'approchait de moi.
On est revenu sur le bateau dans les alentours de 21h30, profitant d'un sublime coucher de soleil. Certains groupes n'étaient pas encore partis et les rotations se sont terminés vers minuit ce soir-là.
Jour 7 : L’île Paulet
Le programme de cette septième journée -un vol au-dessus de l'île Paulet, a été un échec puisqu'encore une fois, trop de vent = incapacité de décoller pour les hélicoptères. J'étais forcément un peu frustrée, mais ça me laissait un peu de temps pour me remettre de mes émotions de la veille.
Jour 8 : L’île de la Déception & l'île Half Moon
Notre dernière journée en Antarctique a presque été également un échec, puisque le programme du matin sur l'île de la Déception a été annulé à la dernière minute… Vu l'état du bateau en sortant ce matin-là, j'ai assez vite compris qu'on s'était pris une belle tempête pendant la nuit !
Direction l'île Half Moon pour l'après-midi, qui abrite une immense colonie de manchots à jugulaire -tout aussi mignon que peut l'être l'Adélie ou l'Empereur !
Une heure et demi au milieu d'une colonie de manchots à jugulaires tellement mignons et adorables… Les mêmes règles que sur Snow Hill était appliquée : 30 mètres de la colonie et 5 mètres des individus isolés. Ici, nous étions vraiment au milieu d'eux, notre "sentier" était l'un des leurs et coupait leur voie pour rejoindre la rive pour aller se nourrir. Le respect était une nouvelle fois de mise, ils étaient bien entendu prioritaires et le calme régnait tout autour d'eux… enfin, on n'entendait que leurs cris, à eux ! C'était une façon incroyable de terminer cette expédition.
Et puis, pour finir en beauté... le plongeon polaire ! Oui, comme son nom l'indique, c'est un plongeon… dans la mer en Antarctique, pas de combinaison, seulement son maillot de bain, et go ! Tout le monde n'a pas voulu le faire, mais même étant assez frileuse, je me suis motivée assez rapidement : c'était une occasion en or, et je voulais vivre mon voyage de façon entière, et je l'aurai regretté si je ne l'avais pas fait !
Je ne vous apprend rien en vous disant que c'était froid, très froid. Mais petite fierté quand j'ai reçu mon certificat de "Plongeon dans une eau à 0°C", la classe hein?!
Et petite anecdote : j'étais assez surprise de sentir que l'eau était salée ! Avec tous les glaciers (d'eau douce ?) de l'Antarctique, je ne m'attendais pas à une eau salée...
Jour 9-10 : En mer
De retour en mer pour deux jours, de nouveau dans le Passage de Drake, et vous l'aurez deviné, j'ai de nouveau eu droit au mal de mer… Pendant que l'équipage continuait de dire que c'était un Passage de Drake relativement calme…
Si vous voulez en voir un peu plus, vous pouvez aussi jeter un œil à la vidéo de mon voyage en Antarctique que j'ai réalisé -et n'oubliez pas d'activer le mode HD !